On la définit encore comme « l’art de préparer et d’empailler les animaux morts pour les conserver avec l’apparence de la vie ».
Le terme taxidermie (1846) renvoie à taxis (arrangement-ordre) et à derme (peau). Taxis est « le nom d’action de tassein » qui exprime l’idée de « placer où il convient ». Taxidermiste, d’usage didactique pour le terme empailleur, apparaît en 1872.
On peut retenir deux thématiques dans les définitions citées plus haut :
Pour les professionnels, l’activité de taxidermie est appréhendée comme une forme de la sculpture animalière. et son expression qu’il essaiera de rendre la plus proche de la réalité.
L’ esthétique et la technique apparaissent fondamentales pour la taxidermie. Ces préoccupations doivent guider le travail du spécialiste.
L’activité de la taxidermie « s’étend au traitement des pièces osseuses et au travail des peaux dans un but décoratif ».
Les taxidermistes sont appelés aussi naturalistes parce qu’ils naturalisent différents spécimens. :
Naturaliste : « adj et nom, formé savamment sur le latin naturalis au moyen du suffixe —iste, est un mot de la Renaissance (1527) : son premier sens est « personne qui étudie l’histoire naturelle ». II se rapporte aussi a celui qui suit la nature, l’instinct (1571). Au XVII’ siècle, il est employé par l’Académie des beaux arts à propos d’une personne qui estime nécessaire l’imitation de la nature en toutes choses ».
Le naturaliste est au XIXeme celui qui s’intéresse à différents domaines scientifiques, comme la zoologie, la botanique, la géologie et encore la paléontologie.
Naturalisation : « (1566) est dérivé de naturaliser, avec son sens juridique correspondant à naturaliser et virtuellement à nationalisation. Depuis le XIX siècle, le nom, comme le verbe, est employé à propos d’un mol (1835), de plantes et d’animaux et se dit spécialement de l’opération consistant à empailler des animaux morts (1893) ».
(« Dictionnaire historique de la langue française », Le ROBERT).
On considère que les naturalistes peuvent être scindés en deux groupes : les scientifiques (zoologistes, botanistes…) et les préparateurs chez qui on retrouvera les taxidermistes, les entomologistes et encore les préparateurs de squelettes (ostéologues)
Depuis la plus haute antiquité, les hommes ont été tentés par les essais de conservation du corps humain ou des animaux
La momification des Egyptiens semble bien avoir été le plus ancien procédé utilisé. C’était une opération complexe; les corps éviscérés étaient desséchés par le sel et le natron, enveloppés dans de fines bandelettes de toile, englués de bitume et le ventre bourré d’herbes mêlées de baume avant d’être déposés dans les sarcophages; ils tentaient par tous ces moyens de lutter contre l’évolution de la destruction des tissus de l’homme; l’idée naturellement s’est appliquée aux animaux ; on peut voir au Louvre et dans divers musées des momies animales faites au même modèle que les momies humaines, des Crocodiles, des Poissons, des petits Chats emmaillotés, des Ibis et des Eperviers. Mais toutes ces antiques momifications ne prolongeaient que la mort, alors que les premières tentatives de taxidermie devaient s’efforcer de faire durer la vie. Peu a peu les perfectionnements vont apparaître; on enfonce, avant de les faire sécher, dans les pattes des animaux, des tiges de fer pour les mieux maintenir, on les fixe sur des socles, des branches d’arbre, on s’essaye a leur donner des attitudes.C’est vers 1750 seulement, que les premières tentatives de taxidermie « moderne » ont étéfaites.On pratiqua le dépouillage de l’animal, pour lui redonner une forme après avoir bourré le corps. Le Muséum de Paris possède des spécimens de cette époque. Dès le début, les naturalistes ont trouvé le procédé qui ne devait guère être modifié jusqu’à nos jours; des améliorations évidemment ont été apportées, l’armature métallique intérieure a été modifiée le squelette a été remplacé par un mannequin en mousse PU et donne sous la peau la forme exacte du corps de l’animal, les procédés de conservation ont été perfectionnés, mais les grandes lignes sont restées les mêmes.L’apothicaire Jean-Baptiste Bécoeur (1718-1777 ) opéra une véritable révolution dans la taxidermie avec la découverte du savon arsenical qui permit une conservation des peaux et spécimens de toute première qualité. Les naturalisations de grands mammifères furent tentées alors que le Muséum de Paris s’appelait encore Jardin du Roi (1793). C’est a cette date que le rhinocéros de louis XIV fut naturalisé. Le montage fut réalisé sur un mannequin à partir d’une barrique pour le corps et de pieds de meuble pour les pattes. L’animal est toujours visible au muséum.En 1817, un Eléphant de l’Inde fut monté sur un mannequin en bois. A ce montage se rapporte une lithographie de l’époque, appartenant au laboratoire de Mammalogie du Muséum On y lit cette inscription: « Dessin représentant une fête qui a eu lieu dans la charpente exécutée par M. Lassaigne, mécanicien employé au Jardin du Roi, pour recevoir la peau de l’Eléphant femelle(1817). Vingt et un employés de cette administration se sont réunis dans l’intérieur de cette charpente ou ils ont fait un banquet que la gaieté présidait. » La charpente en bois de l’animal en question est intéressante par l’exactitude de ses proportions.
Le développement de la taxidermie est aussi lié à l’intérêt pour l’histoire naturelle, apparu au Siècle des Lumières, au développement de la zoologie et aussi à l’histoire du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris. C’est aussi l’époque des grandes expéditions auxquelles la taxidermie peut donner un prolongement à travers ses créations exposées dans les muséums. Les voyageurs-naturalistes sont les premiers taxidermistes. Ils dépouillent sur place les spécimens capturés lors de leurs voyages et peuvent ainsi ramener les peaux qu’ils ont conservées parfois dans des tonneaux de rhum. Ils contribuent ainsi aux progrès des sciences naturelles. Une Girafe, rapportée du Cap par Le Vaillant, voyageur du Muséum, fut montée en 1820 par DELALANDE, qui fit une armature de fer, appliqua la peau par dessus et la bourra tant bien que mal. Vingt deux ans plus tard, en 1842, une autre Girafe fut montée par POORTMAN; sur un mannequin en bois .La taxidermie devint alors une pratique de plus en plus précise. Les animaux « empaillés » furent dès lors présentés dans des poses plus réalistes.
Au XIXeme siècle, les taxidermistes se mirent à fournir les musées en spécimens empaillés. Le premier atelier important de taxidermie, Rowland Wards, fut créé à Londres vers 1850. Dans le même temps, les réalisations de la maison Verreaux connurent un certain retentissement, en particulier par le montage d’un ensemble « lion et chameau » pour le Muséum d’Histoire Naturelle de New York.
La taxidermie évolua vers des réalisations plus réalistes grâce à l’apparition de nouveaux matériaux de modelage comme le plâtre à modeler. On accorde alors une importance croissante à l’anatomie et à la recherche du mouvement. Jules Terrier fut a l’origine de cette évolution et contribua de manière fondamentale à la qualité des réalisations de la Grande Galerie de Zoologie à la fin du XIX' » siècle. Boudarel, un de ses élèves a écrit un des ouvrages importants de la taxidermie « L’art de la taxidermie au XX ème siècle ».
La réalisation d’un spécimen correspond a cinq grandes étapes principales qui sont le dépouillage de l’animal, le tannage de la peau, la préparation de la forme ou du mannequin, l’ajustage de la peau sur celui-ci et la réalisation des finitions.
La taxidermie est un métier qui trouve son origine et son développement dans les sciences naturelles. II est important de souligner ce lien car la taxidermie d’aujourd’hui peut présenter encore un intérêt à ce niveau, en particulier dans les Musées d’Histoire Naturelle et dans les écoles. Elle ne peut être aussi dissociée de certaines disciplines à caractère scientifique dont elle a besoin pour s’exprimer et être reconnue. Ces disciplines étant une source de connaissances fondamentales pour le métier.
Cet historique à été réalisé grâce aux documents :
Le dossier d’opportunité sur la taxidermie et L’art de la taxidermie au XX Siècle par R Didier & A Boudarel